La Filmothèque du Quartier Latin propose une rétrospective de l’œuvre singulière des frères Coen.
À la fin de leur carrière, les frères Coen auront probablement touché à tous les genres cinématographiques. Soit directement, par exemple le western avec True Grit ou le film noir avec The Barber, soit la plupart du temps en mélangeant les genres comme ils viennent de le faire avec Ave César, leur dernier film qui rend hommage, avec un sourire ravageur aux productions hollywoodiennes des années 50, aux péplums et aux comédies musicales.
Une imagination débridée, un grand sens de la perfection - décors, photographie, seconds rôles, les frères Coen cisèlent leurs films -, combinés à une immense connaissance du cinéma américain leur permet revisiter les genres traditionnels par le mélange des tons, le goût de l’étrange et de l’absurde et une esthétique du difforme. Les frères Coen ont l’habitude de donner des ordres contradictoires sur les plateaux. Une façon de voir ce qui peut sortir du désordre et du chaos. Ils y ajoutent leur humour, qui plonge ses racines dans le rire ashkénaze, féroce et satyrique tout en étant tendre et empathique à la fois, doucement moqueur envers leurs antihéros, bien souvent des types perdus, des Don Quichotte contemporains, des naufragés de la société américaine.
Insolites et singuliers, récompensés à de nombreuses reprises (Cannes, Oscar, Golden Globes, BAFTA...) Joël et Ethan Coen ont su attirer les capitaux des Major Companies pour mener à bien leurs projets, sans renoncer à leur liberté de création, ni au privilège, fort rare à Hollywood, du « final cut ».
Un parcours rare que la Filmothèque du Quartier Latin retrace cette semaine à travers une rétrospective de 10 films :
Blood Simple (Sang pour Sang - 1983, 1999) :
Dimanche 21 à 22H (copie 35mm)
Sur le thème des amants maudits, un suspense insoutenable ancré dans le Texas profond, région synonyme de passion meurtrière, et un chef-d’oeuvre d’humour noir. À force de quiproquos et d’apparences trompeuses, l’histoire d’une vengeance tragique se mue en cauchemar éveillé, pour révéler une incommunicabilité et une solitude universelles. Coup d’essai, coup de maître pour ce premier film que ses auteurs insatisfaits du résultat ont remonté plus de quinze ans après sa sortie.
Barton Fink (1991)
Lundi 22 à 21H50 (35mm).
À la croisée des genres (comédie, drame, policier, fantastique), une réflexion empreinte d’humour et d’ironie sur les relations entre l’art et l’industrie, les souffrances du créateur et les épreuves de l’existence. Un régal, couronné par une triple récompense historique à Cannes (Palme d’Or, Prix de la mise en scène, Prix d’interprétation masculine).
The Big Lebowski (1998)
Samedi 20 à 21H40 (DCP 2K).
Une variation fantaisiste sur l’intrigue du Grand Sommeil de Chandler. Conçue telle une mosaïque psychédélique, à partir d’une série de rencontres plus étonnantes les unes que les autres, l’histoire reflète la confusion de l’esprit du protagoniste, un consommateur de drogues douces dont Jeff Bridges incarne à merveille la nonchalance comique. Plus profond et corrosif qu’il n’y paraît, le film confronte son héros dérisoire, sans ambition et inoffensif, à un monde obsédé par l’argent et la réussite. Un film qui, avec le temps, a acquis le statut de film culte, pour ses répliques notamment.
The Barber (L’Homme qui n’était pas là / The Man Who Wasn’t Here - 2001)
Mercredi 17 à 13H40 (copie 35mm)
Dans un somptueux noir et blanc, un hommage des frères Coen au film noir et surtout à James Cain et ses modestes héros de l’Amérique profonde joués par le destin. Le portrait tragi-comique d’un être voué à l’échec, aux quiproquos et à la solitude, se double d’un voyage dans les doutes et les chimères de sa conscience. Un film superbe.
The Ladykillers (2003)
Mercredi 17 à 13H40 (copie 35mm)
Remake d’un chef-d’œuvre de l’humour anglais, Tueurs de dames d’Alexander Mackendrick (1955), c’est le récit jubilatoire d’un coup qui tourne à la catastrophe, doublé d’une galerie de portraits dignes d’un cartoon. Les Coen font le choix de l’outrance pour s’éloigner du film qui les a inspirés.
No Country For Old Man (Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme - 2007)
Jeudi 18 à 13H40 (copie 35mm).
Adapté du roman de Cormac McCarthy, le film remporta quatre Oscars dont celui du Meilleur film. « Allégorie d’une société américaine fondée sur la violence, le film n’en est pas moins diaboliquement incarné, progressant par ruptures de ton brutales entre terreur et humour pince-sans-rire, action chauffée à blanc et désenchantement sous-jacent. » (Olivier Bonnard, TéléCinéObs)
Burn After Reading (2008)
Mardi 23 à 22H (DCP 2K).
Après O’Brother et Intolérable cruauté, le dernier volet de la « trilogie des idiots » réalisée par les frères Coen et interprétée par George Clooney. « Flirtant avec le burlesque, talonnant l’absurde, leur ballet de losers séduira les fans. » (Caroline Vié)
A Serious Man (2009)
Vendredi 19 à 13H40 (DCP 2K).
Le film illustre l’imprévisibilité et l’injustice de la vie qui semble parfois s’acharner sur certaines personnes en leur réservant une quantité infinie de malheurs, comme dans l’histoire de Job dans la Bible. « Ce concentré du style Coen, d’une liberté et d’une maîtrise sidérantes, dit tout l’air de rien. Oui, la vie n’a pas de sens. Et les frères Coen l’ont trouvé. » (Nicolas Schaller, TéléCinéObs)
True Grit (2010)
Lundi 22 à 13H40 (DCP 2K).
Le remake de Cent dollars pour un shérif tourné par Henry Hathaway en 1969. « Les Frères Coen offrent aux spectateurs un grand moment de cinéma plaisir, envahi par l’humour sans tomber dans le pastiche, traversant avec ironie les figures imposées la grande légende de l’Ouest ». (Arnaud Schwartz, La Croix)
Inside LLewyn Davis (2013)
Mardi 23 à 13H40 (DCP 2K).
Grand Prix du jury au 66e Festival de Cannes, une histoire inspirée de la vie d’artistes comme Ramblin’ Jack Elliott et surtout Dave Van Ronk. « Un cauchemar irrésistible, tant les frères Coen ont le don de faire rire des malheurs de leurs personnages tout en les rendant incroyablement attachants » (Samuel Douhaire, Télérama)
Pour connaître toute la programmation de la Filmothèque du Quartier Latin, c’est ici.
La Filmothèque du Quartier Latin, 9 rue Champollion, 75005 Paris.
Téléphone : 01 43 26 70 38
Site : www.lafilmotheque.fr
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