Une loi de développement durable : fixer un prix, c’est fixer une rentabilité pour tous les maillons de la chaîne du livre, des plus petits aux plus grands acteurs.
On entend souvent que le prix unique du livre est une invention française, or le prix unique est né au Royaume-Uni, le premier Net Book Agreement (NBA) a été voté en 1899 et aboli en 1997 au nom de la libre concurrence. Il n’a pas été rétabli, malgré plusieurs campagnes en sa faveur.
Aujourd’hui, la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Grèce, l’Italie, le Portugal, la Norvège, l’Espagne, la Slovénie, les Pays-Bas, l’Isarël, l’Argentine, le Mexique et la Corée du Sud ont mis en place le prix unique du livre.
Tout était mal parti, en 1974, face au 20% de rabais sur le prix de vente des livres par la FNAC et la baisse brutale du CA des librairies environnantes (notamment la librairie Tschan), Jérôme Lindon, éditeur des Éditions de Minuit, lance l’alerte en publiant un article dans Le Monde. La FNAC cesse de commander des livres des Éditions de Minuit. Ce bras de fer inégal n’est pas sans rappeler celui entre Hachette et Amazon en 2014. [1]
En 1979, Jérôme Lindon crée une association pour le prix unique du livre. Or la Fédération Française des Syndicats de Libraires ne la soutient pas, martèle que les libraires doivent fixer librement les prix comme tout commerçant, ils en appellent à l’État. Le couperet tombe, l’arrêté Monory instaure le régime du « prix net », c’est-à-dire qu’il interdit aux éditeurs d’indiquer un prix conseillé en quatrième de couverture, le revendeur est libre de fixer le prix… Un an plus tard, 10% de la librairie française a disparu.
Le ralliement croissant d’éditeurs, notamment Gallimard, et de libraires à l’entreprise de Jérôme Lindon, l’élection de François Mitterrand en août 1981 et la nomination de Jack Lang comme ministre de la Culture renversent l’équilibre. En août 1981, la loi du prix unique du livre est votée, connue sous le nom de Loi Lang. La viabilité du modèle français (même si les critiques existent) est un modèle. L’association internationale des éditeurs milite aujourd’hui pour l’extension du prix unique.
La loi du prix unique du livre est le gage de la biblio-diversité française et du développement durable de l’ensemble du marché du livre. La maîtrise du prix de vente par l’éditeur est un gage de stabilité à la fois pour l’éditeur (projection d’un CA selon le nombre de livres vendus grâce au compte d’exploitation prévisionnel), l’auteur (les droits d’auteur sont un pourcentage sur le prix de vente hors taxe), les revendeurs, particulièrement les librairies, mais aussi pour les lecteurs. La loi a été étendue au livre numérique en 2011 en France et le sera en 2016 en Allemagne.
84, Charing Cross road de Helene Haff. Une amitié de lectures partagées : lettres entre l’auteure américaine et un libraire londonien (1970). Le Livre de Poche pour la traduction française (2003).
Dans les ombres blanches de Christian Thorel, Seuil (2015). Un livre qui conte les 40 ans d’une libraire indépendante toulousaine. On y croise Jérôme Lindon (p.29-30) et bien d’autres.
Lettres à mon libraire, Le Rouergue, France Info, Le choixdeslibraires.com (2009) avec entre autres Delphine de Vigan, Mazarine Pingeot, Philippe Delerm, François Bon, Muriel Barbery…
My Bookstore, Writers celebrate their favorite places to browse, read and shop, Black Dog & Leventhal Publishers (2012). La librairie de la pomme verte et autres lieux merveilleux, Les arènes pour la traduction française (2013).
Sans oublier Lettre historique et politique adressée à un magistrat sur le commerce de la librairie de Denis Diderot, 1767. Réédition par les Éditions Allia (2012).
[1] De nombreux auteurs avaient dénoncé par lettre publique la conduite d’Amazon.
© Affiche pour les 30 ans de la loi Lang.
Ce 30 novembre 2021, à 17h, Joséphine Baker est entrée au Panthéon pour son engagement dans la Résistance et sa lutte contre le racisme.
Du 1 au 8 juin, plus de 150 événements littéraires seront organisés sur ce thème en mairie et dans tous les lieux culturels du 5e.